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SERRES DE LA FRONDAIE

Un lâcher de 50 000 insectes au lycée de Castelnau Le Lez !

Un lâcher de 50 000 insectes au lycée de Castelnau Le Lez !

Guy Bernard, directeur d’exploitation du lycée de Castelnau-le-Lez (Hérault), privilégie le lâcher d’insectes comme outil pédagogique. Depuis 15 ans, son projet de protection biologique intégrée permet de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires sur l’établissement.

En 2003, Guy Bernard rejoint l’équipe du lycée en tant que directeur d’exploitation. Passionné d’insectes et écolo dans l’âme, il décide d’envisager autrement la protection des productions horticoles du lycée et donc l’utilisation de produits phytosanitaires. Son idée, les réduire puis les supprimer par la protection biologique intégrée. Cette technique agroécologique consiste à protéger les végétaux grâce aux interactions qui existent déjà dans la nature entre les plantes, les insectes et les champignons.

L’insecte, un premier pas vers la réduction des traitements

Les plantes ornementales cultivées sur les 2 400 m² de surface (en serre et en pots extérieurs), cohabitent avec différents insectes introduits avec soin dans la plantation. Géraniums, bégonias, pétunias, chrysanthèmes, cyclamens, chèvrefeuilles, alstroemerias, lavande, romarin, poinsettias, gazanias, et bien d’autres, bénéficient de la protection de 8 auxiliaires « de vie » pour lutter contre leurs acolytes nuisibles, « les ravageurs ». Et pour les herbes indésirables, qu’en est-il ? La question se pose moins d’après Guy Bernard.

« La plupart des plantations sont hors-sols. L’environnement en serre ou en pot sur toile hors-sol limite la prolifération des herbes indésirables, alors rapidement, nous avons retiré le glyphosate des placards, pour laisser place au désherbage à la main. Aujourd’hui, nous envisageons d’installer des disques de paille dans les pots, pour asphyxier les herbes nuisibles et réduire cette tâche manuelle. »

Entomologie rime avec pédagogie

Crédit ci-après
Guy Bernard / Lycée agricole Castelnau Le Lez

Et pour le plus grand bonheur des élèves, des lâchers de 50 000 insectes peuvent être réalisés dans les plantations !

« Faire un lâcher d’insectes, c’est plus pédagogique que d’expliquer comment faire un traitement. C’est tout un enseignement écologique, car on leur apprend comment diminuer la population d’un ravageur par un autre insecte, tout en cherchant un équilibre entre les deux. »

Chaque espèce d’insecte à une fonction bien particulière, par exemple l’Amblyseius Swirskii, un acarien prédateur, va être utilisé pour lutter contre le Thrips, un insecte qui fait des ravages dans les serres. « Auparavant, il aurait fallu traiter avec un insecticide toutes les 6 semaines pour éviter sa multiplication », raconte Guy Bernard.

Mais la bête noire reste le puceron. Pas moins de 3-4 auxiliaires différents sont nécessaires pour éviter sa prolifération, et même après ces efforts, l’utilisation de traitements chimiques peut être inévitable. Le lycée espère ne pas y avoir recours au printemps, période des pucerons, après 11 mois d’abstinences de tout produit phytosanitaires !

Pour rappel, l’entomologie est l’étude des insectes.

Une serre qui fait la pluie et le beau temps contre les maladies

En 2014, le lycée rénove sa serre pour obtenir une certification environnementale reconnue mondialement, la norme ISO 14001. Depuis, la serre est contrôlée par ordinateur. L’ouverture des ouvrants, le taux d’humidité et la température se programment à la guise, pour prévenir des maladies. Avant, lorsqu’il y avait une attaque d’oïdium (champignon), ou de botrytis, il fallait pulvériser des fongicides dans la serre. « Maintenant, explique Guy Bernard, il suffit juste de réguler son climat ». Selon lui, une gestion millimétrée des paramètres climatiques permet de limiter la prolifération de maladies fongiques (causées par des champignons), bactériennes et virales.

D’après lui, la norme ISO 14001 aurait permis d’harmoniser toutes les actions du lycée menées depuis 2003 en protections biologiques intégrées. Car le lycée n’en est pas resté là. D’autres actions ont été développées, comme le recyclage des résidus de fertilisant des pots pour éviter l’écoulement dans les égouts, ou bien la récupération des eaux de pluie.